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La scierie de Saint-Fabien, construite en 1891 par Étienne Michaud, était sise sur le versant nord de la rivière du Sud-Ouest, à environ 150 mètres de la 7e Avenue actuelle. Dès le début de sa construction, elle donna le nom de “Faubourg du moulin” à la partie du village où elle était située. D’autant plus qu’il exista un autre moulin à scies du côté nord-est du Lac de la Station, un moulin à planes rotatives au sud du chemin de fer en diagonale avec la gare du Canadien National, et un autre moulin, à farine, celui-ci, du côté sud-est du pont de la rivière.

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La sciure de bois et les résidus ligneux servaient à alimenter la fournaise de la bouilloire cylindrique de cinq mètres de long par deux mètres de diamètre. Une immense cheminée de trente mètres de hauteur aspirait la fumée dégagée par la combustion. Un système d’injecteurs contrôlait le niveau d’eau de la bouilloire, eau qui était pompée directement de la rivière. Un conduit de quinze centimètres amenait la vapeur à un moteur à piston unique d’une puissance de 150 c.v. Un système compliqué de courroies et de poulies de différents diamètres calculés avec précision et sis dans la cave du bâtiment en bois, actionnait la machinerie à scies circulaires située à l’étage supérieur.

  • 1891 à 1937
  • 1937 à 1955
  • 1955 à 1975
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    La première scierie, qui résista un demi-siècle aux risques omniprésents d’incendie, fut construite par Monsieur Étienne Michaud en 1891. Aidé de ses fils Achille, Théophile et Gonzague, cette scierie opérait sous la raison sociale de “Michaud et frères”. Finalement, Monsieur Achille Michaud en devint l’unique propriétaire.

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    En 1937, Monsieur Élisée Michaud se porta acquéreur de la scierie qui fut la proie des flammes en 1942, après la surchauffe d’un support d’arbre de transmission. Le brassage de l’air provoqué par la vitesse de rotation des courroies et des poulies répandit les flammes dans la sciure à la vitesse de l’éclair et, en quelques minutes, tout le bâtiment ne fut plus qu’un immense brasier. Monsieur Michaud s’en sortit avec de graves brûlures aux mains, au visage et au corps.

    Encore couvert de pansements, il se rendit à Joly de Lotbinière, acheta trois vieux moulins et, sur le site même de l’ancienne scierie, réussit à en ériger une nouvelle, beaucoup plus performante que l’ancienne, en l’espace de trois mois. Pourvu d’un monte-bille et ayant aménagé une écluse sur la rivière pour en contrôler le niveau, le flottage du bois libérait une grande surface de terrain et apportait beaucoup plus d’espace pour le stockage du bois.

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    L’apparition graduelle du camion força Monsieur Michaud à perfectionner son équipement, en apportant notamment des machines à scies groupées et deux moulins à bardeaux de cèdre. Cette scierie, avant sa vente à “Fortin et Vaillancourt” en 1955, pouvait scier plus de quatre millions de pieds de bois par année et fournissait du travail à environ 25 employés.

    Durant l’hiver 1955-1956, les nouveaux acquéreurs décidèrent de modifier tout le mécanisme de la scierie, espérant conserver le même rythme de production tout en éliminant une douzaine d’employés. Comme quoi la rationalisation n’est pas un phénomène nouveau. Ce fut la catastrophe et ils durent déclarer faillite deux ans plus tard.

    Après bien des arias judiciaires, Monsieur Élisée Michaud put récupérer sa propriété qu’il revendit à Monsieur Martin Dionne en 1958. Ce dernier, avec un courage et une détermination hors du commun, réussit à rentabiliser son entreprise à l’aide d’une douzaine d’employés et une production annuelle réduite à environ 1 500 000 pieds linéaire de bois. La diminution accélérée des réserves forestières accula Monsieur Dionne à la fermeture en 1975.

    Encore de nos jours, l’on à peine à comprendre comment ces hommes, avec seulement quelques années d’études primaires, ont réussi, avec autant d’ingéniosité, à bâtir et à calculer avec précision la rotation exacte de tout ce complexe de poulies et de scies et faire fonctionner ces équipements pendant toutes ces années. Nous ne pouvons que leur dire : BRAVO !


    Texte et photos : Hervé Michaud, Saint-Fabien